Les associations ont toujours fait partie du paysage de l’enseignement supérieur. Mais ces dernières années, l’engagement des étudiants est fortement poussé, valorisé, voire rendu obligatoire dans certaines formations.
Un travail associatif ne se limite pas à servir une bonne cause, comme la lutte contre la pauvreté ou le réchauffement climatique. Si ces domaines sont bien présents sur les campus, d’autres peuvent aussi vous intéresser, en sport, art, culture, en passant par les clubs de lecture ou de débats. Tous sont en tout cas ravis d’accueillir de nouvelles énergies.
Paroles d’engagés
Du côté de Nantes (Loire-Atlantique), Joséphine, étudiante à l’ESP (École supérieure de publicité) a déjà un certain vécu en matière associative. Engagée depuis trois ans avec la Banque alimentaire, qui collecte et distribue de la nourriture aux plus démunis, elle donne aussi de son temps à la Protection civile. « Nous nous rendons sur tous types d’événements, comme des concerts ou des compétitions sportives, pour être les premiers à venir en aide à un participant qui en aurait besoin », explique Joséphine.
Cette année, l’étudiante a trouvé un nouveau moyen de mettre l’engagement des jeunes Nantais en lumière. Elle le fait à travers un podcast, intitulé « Rêves solidaires ». « Le but est de faire connaître leur travail, leur association et les projets qu’elle porte. Mais aussi que la personne nous raconte de manière plus intime comment elle vit son engagement, ce que cela lui apporte », détaille Joséphine. Pour ces émissions d’une vingtaine de minutes, il s’agit de trouver le bon profil. « J’identifie une association dont je partage les valeurs, puis organise un premier rendez-vous pour apprendre à se connaître. Je veux être certaine que le feeling passe bien entre nous avant d’enregistrer. »
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Joséphine, qui a dans l’idée de devenir journaliste, s’est tout de suite sentie dans son élément avec ce format très particulier du podcast. Un projet qu’elle a dû mettre sur pause le temps de terminer son stage, mais elle attend impatiemment la rentrée pour le faire évoluer. « J’aimerais élargir mon périmètre aux associations de toute la France », indique-t-elle. Si elle cherche à toucher tous les publics, celui des étudiants est une cible privilégiée.
« Je veux leur donner envie de se mobiliser en leur montrant à quel point c’est enrichissant. On rencontre des gens, on se frotte à d’autres réalités que la nôtre. Cela nous fait grandir », soutient Joséphine. Peu importe la cause ou le type de projet que l’on choisit, dès lors qu’il nous intéresse vraiment. « Il ne faut jamais se forcer à s’engager parce que cela « fait bien ». Une association n’est pas une corvée, c’est un choix qui vous motive. Votre truc, c’est plutôt le sport ou le théâtre ? Alors, allez-y, foncez ! », invite-t-elle.
En route vers les cimes
Depuis 2018, il sentait cet arrière-goût d’inachevé… Jean avait 14 ans quand son médecin, spécialiste du diabète, monte une expédition avec quelques autres patients. Objectif : gravir le mont Blanc. « Le combat de ce docteur est de prouver qu’un diabétique peut tout à fait se lancer dans une pratique sportive exigeante. Rien ne nous en empêche », retrace Jean. Malheureusem*nt, cette première expédition s’arrêtera avant d’atteindre son objectif. Deux grimpeurs souffrant du mal des montagnes sur un premier sommet, la petite équipe devra faire demi-tour avant d’avoir dompté ce prestigieux sommet.
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Français
sur 10 âgés de 15 à 30 ans donnent de leur temps à une association
Source : INJEP, 2023
Arrivé à l’EM Normandie, à Paris, Jean rencontre d’autres étudiants férus de montagne. « Je leur ai parlé de cette histoire et nous nous sommes mis en tête d’aller accomplir ensemble ce que j’avais commencé il y a six ans. » Débute alors un autre type de marathon. L’heure est à la création d’une association, qui s’appellera Alpinis’EM. Il faut en parler autour de soi, recruter des membres, communiquer, trouver des partenaires pour financer l’expédition, etc. « Un projet comme celui-ci demande beaucoup de travail, cela peut surprendre. Le défi est de garder intactes la motivation et l’énergie de l’équipe au fil des mois », confie le président d’Alpinis’EM.
Pour allier plaisir et sécurité, impossible d’improviser. Il faut trouver des guides de haute montagne, réserver des refuges, à une période où beaucoup d’alpinistes se lancent à la conquête du plus haut sommet d’Europe. Tout en prévoyant un plan B si la météo venait à menacer l’expédition. Réussira-t-il enfin ce défi qui l’accompagne depuis ses 14 ans ? À cette heure, son groupe est justement parti pour le savoir.
Bien choisir ses causes
La vie associative apporte son lot de découvertes et de nouvelles compétences. Mais elle peut aussi vous aspirer. C’est ce qu’a constaté Thomas, étudiant à l’ENTPE (École nationale des travaux publics de l’État) à Vaulx-en-Velin (Rhône), rattaché à l’université de Lyon. Un peu frustré d’avoir mis ses engagements de côté durant deux années intenses en classe préparatoire, Thomas s’est tout de suite rattrapé en arrivant en école. « J’avais envie de me mobiliser, donner du sens à ma formation et être un des acteurs du lieu où j’habite », relate-t-il. Originaire de Troyes (Aube), ce nouveau venu à Lyon se rapproche du Secours populaire français. « J’allais tous les mercredis chez Sofiane, un garçon en classe de 6e en difficulté sur le plan social et scolaire. Je l’aidais à faire ses devoirs ou discutais simplement avec lui de ses envies et ses rêves, en lui donnant quelques conseils », retrace Thomas.
L’étudiant de l’ENTPE s’engage en parallèle dans l’association Ingénieurs sans frontières, dont le but est d’organiser des discussions et de petites formations partout en France. « Nous cherchons à partager nos connaissances et à sensibiliser sur de grands enjeux, comme l’écologie, l’accès à l’eau et bien d’autres sujets qui questionnent la jeunesse », explique-t-il.
Un troisième projet vient happer Thomas et remplir un peu plus les cases de son agenda. Il s’agit de Voasis, soit la création d’un jardin partagé entre les étudiants de l’école et les habitants de Veaux-en-Velin. « Cela démarre gentiment. Nous sommes huit étudiants et quelques habitants du quartier. Peu importe si le jardin n’avance pas aussi vite que prévu. L’essentiel est de créer des liens et d’apporter quelque chose à notre quartier. » L’année prochaine, Thomas ne poursuivra que ce dernier engagement. « Avec du recul, je me rends compte que j’étais mobilisé sur trop de projets à la fois. S’engager et se sentir utile, c’est super. Mais il ne faut pas que cela vous aspire au détriment du reste », conseille-t-il aux futurs étudiants.
Cheese dating
Certaines associations ne sont pas là pour sauver le monde, mais passer de bons moments, rire ou bien manger. Eugénie, étudiante à l’ESA (École supérieure des agricultures), à Angers (Maine-et-Loire) a par exemple choisi un engagement tout en légèreté : le Club Fromage. « En commençant ma 1re année, je savais que je voulais rejoindre un club pour rencontrer des gens, organiser des événements », explique Eugénie. C’est lors du forum des associations qu’avec son amie, elles tombent sur ce club. « Les recrutements se font via un « cheese dating ». Le candidat doit présenter un fromage de manière rigolote et le jury décide s’il est admis », résume cette amoureuse du Saint-Nectaire et trésorière de l’association.
Au menu du club, qui vit en bonne intelligence avec celui de charcuterie, des dégustations, repas, jeux, visites de fromageries, etc. « On découvre des spécialités que l’on fait à notre tour découvrir à d’autres », explique Eugénie. Pas de quoi bouleverser la société, peut-être. Mais au moins d’ajouter du plaisir dans ses études, apprendre à gérer un budget et fonctionner en équipe. « J’adore organiser des événements qui rendent les gens contents », conclut simplement l’étudiante.